D’emblée, cette question si douloureuse, si inquiétante : la féroce rivalité entre l’Espérance et l’Etoile est-elle devenue incontrôlable? Sans aucun excès de pessimisme ou de défaitisme, nous oserons répondre par oui. Certes, ce oui est synonyme de fatalité, d’abdication et de désespoir. Mais, qu’on le veuille ou pas, c’est la réalité. La triste réalité, celle-là même qu’on peut aisément vérifier par des faits réels, palpables que ne niera même pas un myope. Regardez ce qui s’est passé, samedi dernier, entre les deux équipes à Sousse : tout un gouvernorat, avec ses armadas administratives et sécuritaires, s’est massivement mobilisé pour espérer assurer le bon déroulement d’un match placé sous haute tension.
Résultat : pluies de fumigènes, de pierres et de chaises sur le parquet, joueurs visiteurs agressés et un arrêt de jeu de près d’une heure ! Mais, parbleu, où sont passées les mesures préventives exceptionnelles prises avant et pendant le déroulement de la partie ? Qui est responsable de cette terrible faille qui a failli s’achever sur un drame ? Certes la furia des supporters étoilés était à son paroxysme, et c’est compréhensible, voire légitime, vu le grand enjeu de ce match. Mais, lorsque la «furia» se mue en actes de violence si graves, cela veut dire une chose, une seule : la haine grandissante entre ces deux clubs. Une haine dont on a eu par le passé, et particulièrement après la révolution, tant de manifestations condamnables tant à Tunis qu’à Sousse. La fédération, mais aussi la tutelle, inévitablement dépassées, n’ont plus, hélas, qu’à constater les dégâts… en attendant des jours meilleurs! La fédération, elle, tarde à rendre son verdict sur la mascarade de Sousse, et on comprend la peine d’un bureau fédéral «condamné» à agir, à chaque affaire, en tenant compte de considérations extrasportives, soit à l’instar de ce qui se passe dans d’autres fédérations. D’ailleurs, nous sommes persuadés que, quel que soit le prochain verdict, il y aura toujours un clan qui criera à l’injustice pour interjeter appel.
Menaces sur la salle Zouaoui !
Entretemps, notre inquiétude grandit quand on sait qu’il y aura, samedi prochain à la salle Zouaoui, la manche retour entre les deux belligérants. Inquiétude parce que les supporters «sang et or», apprend-on, ont déjà juré de venger leurs protégés. Inquiétude aussi, parce que les dirigeants espérantistes, qui reprochent à la fédération sa tendance à faire le jeu du camp adverse, promettent de tout faire pour réparer l’injustice et protéger leurs droits, preuves matérielles (vidéos et enregistrements téléphoniques) à l’appui.
Mohsen ZRIBI